Les métiers du futur sont au cœur de l’actualité : ils nous font rêver, fantasmer et parfois angoisser. La raison ? Personne ne sait vraiment ce qui nous attend vraiment. Chez Ubiq, on a eu envie de nous faire une idée plus précise du sujet. Pour cela, nous avons rencontré Isabelle Rouhan, fondatrice du cabinet de conseil Colibri Talent et autrice du livre Les métiers du futur. Nous l’avons interrogé sur la question de l’automatisation du travail et de ses conséquences sur le travail de demain.
L’impact de l’automatisation
Vers de nouveaux métiers…
La technologie évolue rapidement et prend une place de plus en plus importante dans nos vies : recherches vocales, virements en ligne, réseaux sociaux… Si la technologie tient une place toujours plus privilégiée dans nos vies privées, elle a aussi un impact fort sur notre quotidien au bureau et l’avenir des métiers que l’on exerce. En effet, d’après une étude de « The Institute for the future », un think tank californien, 85% des élèves actuels exerceront un métier qui n’existe pas encore. Éducateur de robots, hacker éthique ou bien neuro-manager sonnent donc aujourd’hui surréalistes mais ces métiers pourraient bien se faire rapidement une place au sein de nos sociétés.
85% des élèves actuels exerceront un métier qui n’existe pas encore
Demain, tous au chômage ?
Quand on entend que la moitié des heures travaillées est automatisable d’ici 2022, on se dit que l’automatisation n’a pas fini de nous décharger, peut-être même un peu trop. Cette automatisation ira-t-elle jusqu’à nous enlever nos emplois ? Rassurez-vous, si la moitié des heures travaillées sont automatisables, cela ne signifie pas que la moitié des emplois sera supprimée. D’après Isabelle Rouhan, 5% des postes pourraient totalement disparaître et 60% vont être en partie impactés. Globalement, l’automatisation aura deux grands impacts :
- Nous feront moins de tâches répétitives et rébarbatives ;
- Nous aurons plus de temps pour le relationnel, le conseil et l’innovation.
La moitié des heures travaillées est automatisable d’ici 2022
Isabelle Rouhan a d’ailleurs établi une typologies des métiers en fonction de leur degré d’automatisation. Il y a, d’après elle, trois types de métiers :
- Les univers en évolution : c’est-à-dire ceux qui existent déjà et qui vont se transformer. Par exemple : data scientist, professeur ou journaliste du futur, avocat augmenté.
- Les univers en révolution : neuro-management, méthodes agiles, univers de la fonction publique ou création
- Les univers en innovation radicale : c’est-à-dire des métiers qui n’existent pas encore aujourd’hui.
Comment s’adapter aux métiers du futur ?
Capitaliser sur les soft skills
Si les robots nous remplacent, que sommes-nous censés faire ? Comment pouvons-nous nous adapter à cet environnement en constante évolution ? Nous savons aujourd’hui qu’avec les avancées technologiques et l’automatisation, la population tout entière fait face à une obsolescence des compétences techniques. En effet, des compétences techniques qui avaient une durée de vie de vingt ans les années 70 (chiffres de l’OCDE) ont aujourd’hui une durée de vie de 12 à 18 mois. La solution pour palier l’obsolescence serait de capitaliser sur les soft skills, qui, quant à elles, sont pérennes.
Les compétences techniques ont une durée de vie de 12 à 18 mois
Les soft skills correspondent à des compétences de savoir-être : agilité, capacité à travailler en équipe, adaptation, empathie… Ce qui est intéressant avec ces compétences, c’est qu’elles ne s’apprennent pas de manière formelle à l’école mais plutôt dans la vie quotidienne et sur le terrain. En restant curieux et ouvert, chacun peut développer ses soft skills.
Miser sur la formation
Si les métiers du futur sont incertains et s’il est difficile de prédire ce que l’on fera demain, une chose est sûre : la formation sera indispensable à tous. Tout le monde devra mettre ses compétences à jour, régulièrement. C’est là que l’entreprise peut s’investir et soutenir ses collaborateur en proposant des formations sur des plateformes telles qu’OpenClassroom. Avec la formation des collaborateurs, les entreprises sont tirées vers le haut grâce à des employés :
- aux compétences actuelles et de qualité ;
- aux compétences adaptées aux besoins de l’entreprise ;
- valorisés, ce qui crée un attachement pour l’entreprise.
L’automatisation : bonne ou mauvaise nouvelle ?
Avec la digitalisation, ce sont 15 millions de créations de postes qui auront lieu et, en parallèle, 6 millions d’emplois seront détruits (chiffres Eurostat). Le bilan serait donc positif. Quand on entend parler de l’automatisation, c’est souvent la peur et l’inquiétude qui sont exprimées. Comme nous l’avons dit plus haut, ceci est dû à la disparition de certains métiers et la création de nouveaux, ce qui crée l’incertitude surtout dans des classes sociales déjà en difficulté.
Avec la digitalisation, ce sont 6 millions de destructions d’emplois et 15 millions de créations de postes
Néanmoins, on entend moins souvent parler des aspects positifs de l’automatisation. Celle-ci est un très bon moyen de remettre l’humain au cœur de nos sociétés. En 2019, la population est pressée, court partout, tout le temps et plus personne n’a le temps de s’occuper de personne… Avec la digitalisation, les tâches peu palpitantes et grignoteuses de temps pourront être automatisées. Ainsi, nous aurions plus de temps à consacrer aux autres : à nos aînés, enfants, clients…
- Si Isabelle Rouhan est positive sur la question des métiers du futur, une question reste en suspend : l’automatisation ne causera-t-elle pas encore plus de disparités entre les classes ? Si la plupart des individus auront la possibilité d’accéder à la formation, acquérir de nouvelles compétences et avoir accès à de nouveaux métiers, ce n’est pas forcément le cas pour tout le monde. L’automatisation, profitera-t-elle donc uniquement qu’à une classe privilégiée de la société ?